Direction le pays du Soleil-Levant pour aller à la conquête d’un genre littéraire qui questionne notre rôle dans la société, en explorant les notions d’espace et de temporalité dans un registre simplement épuré. Si vous n’êtes pas encore convaincus, ce n’est qu’une question de temps !
Fanamag fait le tour des lectures à explorer pour voyager sans bouger de chez soi…
Ah, la littérature japonaise…
Le rayon « littérature étrangère » des librairies se fleurissent désormais de premières de couvertures au design pastel et informel. Des illustrations inspirées des décors japonais et souvent inspirés des bandes dessinées aux courbes imparfaites. Cette dernière décennie, les écrivains du pays du Soleil-Levant séduisent un lectorat de plus en plus diversifié, traduit par un engouement des plus jeunes générations.
Comment cela s’explique-t-il ?
Fidèle à un style narratif profond et centrée sur les émotions humaines, la littérature nipponne se dote d’un style plus que singulier. Abordant des sujets sociétaux parfois complexes comme la solitude ou l’aliénation, en passant par les interactions et manifestations du quotidien, celle-ci conjugue ses notes avec légèreté et nostalgie. C’est une lecture qui pousse à la quête de sens et au questionnement sur les aspects pluriels de la vie, comme le travail ou la famille. Et tout ça, dans un rythme étonnamment lent pourtant animé par la mise en lumière de plusieurs protagonistes.
« [En parlant de la succession de récits dans un seul livre] Ce côté tranches de vie, on le retrouve notamment beaucoup dans les mangas et animés. C’est assez spécifique aux œuvres japonaises et on appelle ça “iyashikei” qui pourrait se traduire par guérison en japonais qui représente des personnages vivant des vies paisibles. », explique la journaliste et créatrice de contenu Jeanne Seignol (allias Jeannot se livre).
Pour comprendre l’essence de la thématique de la guérison, il faut remonter dans l’histoire du pays. Le japon, jamais colonisé, a toujours été très isolé du monde occidental malgré le développement des flux commerciaux bien en vigueur. La société japonaise s’est donc dessinée à partir de son propre modèle, sans influence externe. Au lendemain des deux guerres mondiales, c’est face à un contexte économique en crise que les Japonais se retrouvent nez à nez. S’en suit ainsi un grand questionnent sur leur rôle et leur appartenance dans la société contemporaine en pleine mutation. À l’image des productions à succès du Studio Ghibli, les personnages de littérature japonaise moderne sont continuellement confrontés à leur propose environnement.
Le contexte à présent introduit, place à la sélection de lectures à découvrir sans plus attendre !
La fille de la supérette – Sayaka Murata
« Les gens perdent tout scrupule devant la singularité, convaincus qu’ils sont en droit d’exiger des explications. »
Synopsis : Depuis l’enfance, Keiko Furukura a toujours été en décalage par rapport à ses camarades. À trente-six ans, elle occupe un emploi de vendeuse dans un konbini, sorte de supérette japonaise ouverte 24h/24. En poste depuis dix-huit ans, elle n’a aucune intention de quitter sa petite boutique, au grand dam de son entourage qui s’inquiète de la voir toujours célibataire et précaire à un âge où ses amies de fac ont déjà toutes fondé une famille.
Probablement l’un des ouvrages les plus marquants et phares de la littérature japonaise contemporaine. Décernée par le Prix Akutagawa en 2016, équivalent du Prix Goncourt en France, la romancière Sayaka Murata est l’autrice d’un récit que l’on peut qualifier de « pas comme les autres ».
Le livre nous emmène dans un petit konbini tokyoïte (supérette japonaise ouverte 24h/24) où Keiko, 36 ans et célibataire, a décroché un emploi à temps partiel. Loin du modèle traditionnel que ses amies possèdent, le personnage au caractère solitaire est bousculé dans son quotidien lorsqu’elle fait la rencontre d’un nouveau collègue. De nature marginale, celui-ci s’éloigne drastiquement des codes que les normes sociétales lui imposent. Comment Keiko se liera d’une relation avec lui ? Comment s’intégrera-t-elle au professionnel qu’elle occupe ? D’une honnêteté presque brutale, ces 144 pages de bribes de vie sont aussi singulières que dérangeantes.
Tant que le café est encore chaud – Toshikazu Kawaguchi
Synopsis : À Tokyo, le café Funiculi Funicula est réputé pour offrir à ses clients la possibilité de voyager dans le temps. Quatre femmes souhaitent tenter l’expérience. L’une pour confronter l’homme qui l’a quittée, une autre pour parler à son époux atteint d’un Alzheimer précoce, la troisième pour revoir sa sœur disparue et la dernière pour rencontrer sa future fille.
Comment ne pas citer le succès foudroyant du bestseller international « Tant que le café est encore chaud » de Toshikazu Kawaguchi, adapté de sa pièce de théâtre et devenu viral sur les réseaux sociaux, qui est en 2023 le quatrième livre le plus acheté dans l’hexagone. Si vous pouviez revivre dans le passé pendant quelques minutes, le feriez-vous ? C’est un choix que certains clients du café Funiculi Funicula ont décidé d’adopter. Et si la ressuscitation était finalement salvatrice de nos maux ? Seuls ceux-ci découvriront la finalité de leur questionnement perpétuel. Pour revivre un amour inachevé ou dire au revoir à un proche disparu prématurément, les tranches de vie illustrées entre les lignes de ce chef d’œuvre ne laissent pas insensible quant à nos propres idéaux et illusions.
Le restaurant des recettes oubliées – Hisashi Kashiwai
Synopsis. : Caché dans les ruelles de Kyoto se trouve le petit restaurant des Kamogawa, d’où s’élèvent d’exquises odeurs de riz cuit, de nabe et de légumes sautés. En plus de délicieux repas faits maison, Nagare et sa fille Koishi proposent une expérience qui sort de l’ordinaire : reproduire un plat que leurs clients ont en mémoire, mais dont la recette est depuis longtemps oubliée. Nabeyaki udon, sushis de maquereau, tonkatsu ou pâtes napolitaines… pour chaque nouveau plat, la famille Kamogawa enquête et propose à ses convives de déguster une nouvelle fois les mets savoureux qui ont marqué leur vie. Et grâce à un soupçon de magie, ces saveurs perdues enfin retrouvées permettent de rêver à de nouveaux départs.
C’est de nouveau un concept original qui est ici narré par le japonais Hisashi Kashiwai, qui mêle avec habilité les notions de nostalgie et de destin. Kamogawa, restaurant kyotoïte, n’est pas un lieu ordinaire. Au fond de la salle à manger se cache un espace géré par le gérant et père de famille Nagare et sa fille Koishi. Les clients sont invités à découvrir une expérience des plus particulière : une immersion dans le passé à travers leurs souvenirs culinaires. Chaque mini récit immerge le lecteur dans le souvenir profond des personnages, à travers le mets qu’ils ont déjà goûté une fois durant leur existence. Que ce soit une entrée ou un dessert, la famille Kamogawa propose de concocter l’ensemble des ingrédients des recettes magiques qui ont bouleversé le temps d’un moment ces différentes vies.
Des lectures des plus agréables que la rédaction vous conseille pour vos premiers pas dans l’univers de la culture littéraire nipponne…